Le 66ème R.I.T. [Régiment d'Infanterie Territoriale] est en base arrière à Chaudardes.
L'unité a pour mission, d'intervenir sur le secteur Nord de Pontavert. Albert Hénault, instituteur de son état, à Villegouin (Indre), est sur le front depuis la mobilisation générale. Il est sergent. En ce début d'année 1916, il se décide à tenir un carnet de guerre. A mesure qu'il en termine un, il le fait passer à sa femme, toujours par des voies détournées, afin d'échapper à la censure.
Quelques extraits qui couvrent cette période ; ça commence le 26 janvier 1916 :
L'unité a pour mission, d'intervenir sur le secteur Nord de Pontavert. Albert Hénault, instituteur de son état, à Villegouin (Indre), est sur le front depuis la mobilisation générale. Il est sergent. En ce début d'année 1916, il se décide à tenir un carnet de guerre. A mesure qu'il en termine un, il le fait passer à sa femme, toujours par des voies détournées, afin d'échapper à la censure.
Quelques extraits qui couvrent cette période ; ça commence le 26 janvier 1916 :
Je commence aujourd’hui
un journal où je tâcherai de noter mes impressions au fur et à mesure qu’elles
me viendront.
26 janvier – La Villette.
Quel patelin ! Nous avons défilé dans les rues de Fîsmes, au pas cadencé.
J’étais vanné en arrivant, rien à manger, rien à boire, vin blanc 0,90°, rouge
de même.
27 janvier – Que j’ai mal
dormi, allongé sur des sacs vides, je me suis réveillé les côtes en long. Quel
cantonnement ! Le canon tonne au loin du côté de Berry au Bac et de
Gernicourt… Quel tintamarre !
C’est pour nous réaccoutumer.
28 janvier – La compagnie
partie aux tranchées de première ligne, je surveille le cantonnement. Quel
cantonnement ! Quelle désolation !
29 janvier - Le canon
tonne de loin en loin.
31 janvier – Aujourd’hui
temps clair, soleil splendide. Les « aéros » en profitent pour
survoler le patelin. Depuis ce matin, trois boches et deux français ont
tournoyé dans les airs. Un bombardement assez intense du côté de B… au B….
[Berry au Bac] se produit.
2 février – Temps sombre.
Rien de nouveau. On entend un roulement ininterrompu du côté de Craonne. Il est
trois heures de l’après-midi, la compagnie revient et je quitte le crayon.
4 février – Quel temps.
Vent de bourrasque, pluie froide. Temps sombre et gris, vous prédisposant à la
mélancolie. Je monte au clocher et vais crayonner les alentours.
7 février – Aujourd’hui
temps pluvieux, sombre, mélancolique comme tout. Cet après-midi les canons
boches nous ont envoyé quelques obus. C’est Roucy qui a été atteint. Pas de
dégât tant mieux.
8, 9, 10, 11 février –
Toujours à Chaudardes. Quel va et vient, la 55ème Division remplace
la 63ème : alors tous les régiments de réserve que nous avons
du côté de Soissons depuis le 11 janvier 1915 viennent nous retrouver. Le 289ème
est arrivé ici, le 321ème et le 298ème aussi. Que de
troupes !!
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