dimanche 21 février 2016

Chaudardes - 26 janvier au 11 février 1916

   Le 66ème R.I.T. [Régiment d'Infanterie Territoriale] est en base arrière à Chaudardes.


   L'unité a pour mission, d'intervenir sur le secteur Nord de Pontavert. Albert Hénault, instituteur de son état, à Villegouin (Indre), est sur le front depuis la mobilisation générale. Il est sergent. En ce début d'année 1916, il se décide à tenir un carnet de guerre. A mesure qu'il en termine un, il le fait passer à sa femme, toujours par des voies détournées, afin d'échapper à la censure.

   Quelques extraits qui couvrent cette période ; ça commence le 26 janvier 1916 :

   Je commence aujourd’hui un journal où je tâcherai de noter mes impressions au fur et à mesure qu’elles me viendront.

   26 janvier – La Villette. Quel patelin ! Nous avons défilé dans les rues de Fîsmes, au pas cadencé. J’étais vanné en arrivant, rien à manger, rien à boire, vin blanc 0,90°, rouge de même.

   27 janvier – Que j’ai mal dormi, allongé sur des sacs vides, je me suis réveillé les côtes en long. Quel cantonnement ! Le canon tonne au loin du côté de Berry au Bac et de Gernicourt…  Quel tintamarre ! C’est pour nous réaccoutumer.

   28 janvier – La compagnie partie aux tranchées de première ligne, je surveille le cantonnement. Quel cantonnement ! Quelle désolation !

   29 janvier - Le canon tonne de loin en loin.

   31 janvier – Aujourd’hui temps clair, soleil splendide. Les « aéros » en profitent pour survoler le patelin. Depuis ce matin, trois boches et deux français ont tournoyé dans les airs. Un bombardement assez intense du côté de B… au B…. [Berry au Bac] se produit.  

   2 février – Temps sombre. Rien de nouveau. On entend un roulement ininterrompu du côté de Craonne. Il est trois heures de l’après-midi, la compagnie revient et je quitte le crayon.

   4 février – Quel temps. Vent de bourrasque, pluie froide. Temps sombre et gris, vous prédisposant à la mélancolie. Je monte au clocher et vais crayonner les alentours.

 

   7 février – Aujourd’hui temps pluvieux, sombre, mélancolique comme tout. Cet après-midi les canons boches nous ont envoyé quelques obus. C’est Roucy qui a été atteint. Pas de dégât tant mieux.

   8, 9, 10, 11 février – Toujours à Chaudardes. Quel va et vient, la 55ème Division remplace la 63ème : alors tous les régiments de réserve que nous avons du côté de Soissons depuis le 11 janvier 1915 viennent nous retrouver. Le 289ème est arrivé ici, le 321ème et le 298ème aussi. Que de troupes !!

 
 

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