lundi 2 mai 2016

Bois Clausade - 5 au 10 mai 1916

   5 mai 1916 – Aujourd’hui quatre heures et demie du matin, départ à cinq pour visite d’un nouveau cantonnement – mauvaise impression – nous passons à Pontavert. Pauvre pays ! Nous visitons à Clausade nos nouveaux abris.
 
   Pauvre bois ! Quel cataclysme ! Ce n'est plus un bois, c'est un fouillis inextricable de branches cassées, de troncs d’arbres brisés. La végétation luxuriante de ce lieu ressort avec une peine infinie de ce chaos ! L’aspect du lieu est tout à fait désolant : terrain labouré d’obus, avec un air de dévastation touchant au cœur. L’air, l’atmosphère de ce coin sont aussi déconcertants. Le sifflement des obus et des balles, le craquement des arbres brisés, le crépitement des mitrailleuses se mêlant au bourdonnement fantastique des hannetons, les chants accordés et aigus des oiseaux font de cet endroit un enfer. Par intermittence, heureusement.
 
 
 
   Du 5 au 10 mai 1916 : Bois Clausade
 
 (Cliquez sur la photo pour l'agrandir)
 
   Ce soir la canonnade est plus active. Enfin ! Chaque jour qui passe nous rapproche de 24 heures du but, qui est la paix !
   5 heures du soir, nous subissons une saute de vent ou plutôt un véritable cyclone. Les arbres traversés d’éclats d’obus et ne restant debout que par miracle, se brisent et tombent avec fracas. Une de nos « saucisses » [ballon captif d’observation] (celle de Ventelay) sous la rafale, casse son amarre et passe au-dessus de nous, à la dérive, droit chez les boches ! Ils jettent par-dessus bord tout ce qui est compromettant, ces pauvres aéronautes. Où vont-ils atterrir ? Et comment ? Mystère !
 
   6 mai – Préparatifs de départ pour le bois de Clausade. Ce n’est pas du tout le rêve. Nous y allons pour huit jours ; après nous serons relevés.
 
   7 mai – Nous voici à Clausade complètement prisonniers. Là, nous allons travailler et avons un secteur à garder. Le jour, il faut se serrer car les marmites boches ne sont pas rares. Nous y sommes pour huit jours, mais je voudrais bien les voir achevés.
 
   8 mai – Les boches - au moment où j’écris - envoient de grosses marmites ; il est 2 heures du soir [14 h.] ils nous ont laissé quelque répit hier et ce matin – Rien de neuf à part cela.
 
   9 mai – Ces sales boches sont aujourd’hui véritablement agaçants. Quel bombardement. Les marmites tombent à cinq mètres de nos cagnas, à sept ou huit minutes d’intervalle.
 
   10 mai – Un autre changement de direction. Nous quittons ce bois Clausade qui ne nous est pas du tout hospitalier et allons planter nos pénates au bois de la Miette. Il paraît que c’est plus tranquille, que le secteur est meilleur. Ce ne serait pas de trop.
 
   Nous faisons en ce moment des corvées au bois Franco-boche, ce n’est pas le rêve, enfin c’est la guerre !
 
 (Cliquez sur la photo pour l'agrandir)
 
 
   Hier soir, il y a eu une canonnade intense sur le plateau de Vauclerc, face à Craonne ! Quel bombardement !

 

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