mercredi 9 mars 2016

La Sapinière - du 7 au 16 avril 1916

- Vue de Pontavert, depuis le bois de la Sapinière -
à gauche Pontavert, à droite le Bois Styrn.
(dessin d'Albert Hénault - 7 avril 1916)


La Sapinière est un point qui est intégré au Bois des Buttes ; au Sud de celui-ci.

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   Du 7 au 16 avril 1916 : LA SAPINIERE

   9 avril –Les travaux sous terre continuent fébrilement.

   10 avril – Travail toute la journée, toujours à la sapinière à faire des abris.

   11 avril – Il fait brun, et il pleut. Nous avons eu à notre gauche une canonnade boche assez intense mais en ce moment, tout est silence.

   12 avril – Temps gris et froid, une pluie fine tombe en brouillard, vent très violent. On est tout tristes et  portés à broyer du noir. Hier au soir, violente canonnade de huit à dix heures. Les boches ont répondu sur Pontavert.
           
 Au même moment se rendait à la Sapinière en première ligne, un boche, grand blond de vingt-deux ans, sale, sans calot ni armes. Interrogé, il répondit en pur français, en parisien « La guerre, j’en ai marre ! Il y a trop longtemps qu’elle dure ! Je ne l’ai pas demandée la guerre ! Ne voulant pas me faire casser la g… je me rends ! »!

   13 avril – Travail de jour. Rien de bien intéressant. Le travail sous terre devient intense.

   14 avril – Une de nos batteries, située à 500 mètres de nous, doit être reprise par les boches car ce matin, des 77 et des 105 nous ont réveillés en fanfare. Ils ont brisé des arbres à cinquante mètres de nous sans autre fracas. Ce soir, je pars pour passer la nuit au bois des Buttes en compagnie de notre cher ami Hahn !

   Pourvu que les boches soient raisonnables, c’est tout ce que je désire.

   15 avril – Il fait un temps exécrable, pluie, vent, neige. Les boches se taisent. Nous sommes plus actifs. Notre artillerie tire sans répit.

   16 avril 1916 – Me voici encore de travail à la Sapinière. Tout s’active. Nous sommes logés avec l’adjudant Hahn dans un poste de secours.

   On parle d’attaque prochaine ! Torpilles, fusées, obus, montent sans désemparer (?) au Bois des allumettes. C’est une véritable fièvre ! A trois heures du soir, les boches nous saluent de leurs 150. Tout à coup à 4 heures 30, notre cagna est secouée comme un fétu de paille, et remplie de fumée acre et noire. L’adjudant et moi sommes renversés, sans quitter nos cartes, ainsi que deux pionniers, qui ne savent qu’en dire. Enfin ! Tout cela se dissipe ! Mais l’entrée de l’abri est obstruée par deux mètres cubes de sable. Il faut en faire l’escalade. Un 150 est tombé à deux mètres de l’entrée. Enfin cela procure une sensation qu’on n’aime pas. Sauvés encore une fois ! Nous regagnons notre Beau-Marais sans trop d’encombre.


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