samedi 8 avril 2017

Prouilly - 8 au 10 avril 1917.

Du 8 au 10 avril 1917 :

A l'arrière à Prouilly.

   8 avril - Duel d'artillerie toute la matinée. Un incendie se déclare dans la sucrerie, et le canal encaisse largement.
   De 14 heures 50 à 16 heures 10,  nous déclenchons un tir sur les réseaux de fil de fer boche.
   C’est aujourd’hui relève. Ce n’est pas trop tôt depuis quinze jours qu’on est sous les obus. Cela peut compter.
   8 heures soir [20 h.]. Nous attendons la relève. Boum ! Voici un tirage de barrage boche qui se déclenche ; allons, une autre contre-attaque boche serait-elle en vue ? Vilain coin. Enfin ! La relève du 287e arrive, en passant près de la passerelle, le lieutenant me remplaçant est blessé d’un éclat d’obus à la main. Mauvais présage dans ce secteur. Les obus pleuvent sur la sucrerie de Moscou, il faut cependant passer avec 40 hommes, ce n’est pas facile, enfin.
   11 heures soir - nous quittons la côte 108 ; après être passés à la gare de Berry-au-Bac, nous prenons le boyau d’évacuation Moscou-Cormicy. Nous traversons ce dernier patelin à minuit avec une certaine appréhension ; il y a tellement de voitures, ravitaillement d’artillerie, Génie etc. que nous passons entre deux rangées de voitures à la queue leu-leu. Oh ! Quelle bouillie ! Si quelques obus boches eussent tombés au moment !


   9 avril – 1 heure du matin. Nous arrivons à Châlon-le-Vergeur sans trop d’embûches, les boches, gentils, ne nous ont pas trop sonnés. Quelle marche ! Véritable incohérence ! 267ème, 151e 162e, tous isolés, ou par deux, par trois , déambulent sur la route.


   C'est l'arrivée à Prouilly.


   A 5 heures et demie, nous passons à Pevy et à 6 heures nous voici à Prouilly, lieu de notre repos. Repos tout à fait éphémère car le 15, c’est le grand coup. Oh ! vivement qu’on en finisse et que ce soit la fin. Il pleut, il neige, il fait un vent froid. Nous commençons à avoir des renseignements plus précis sur l’affaire ou plutôt le coup dur de ces jours derniers. La division était, paraît-il, prévenue de ce coup boche, ou tout au moins, elle le pressentait depuis quelques jours, par des indices sûrs. Certainement il y a eu faute du Commandement ; nos 75 n’avaient pas leurs objectifs exacts, vis-à-vis Sapigneul, étant arrivés eux-mêmes du matin, par conséquent tir de barrage incertain et bon point pour les boches. Nos mitrailleuses, repérées, sont amochées du premier coup. Les boches attaquent avec une division sur le front d’un bataillon sur 2 lignes et au coude à coude, sans être aidés par l’artillerie. Aucune troupe, quelle qu’elle soit, ne pouvait résister. Cela n’empêche pas que la division est obligée de se reformer, ayant perdu un total de 1200 hommes, sans compter 48 pièces de 58, grenades obus et matériel etc. en moins !


   10 avril – Nous voici à Prouilly, les renforts sont déjà arrivés. Je vois cet ami Santerre qui les amène, lui plus veinard, retourne au dépôt. J’eus voulu joindre le communiqué boche dans ledit recueil mais je ne l’ai pas – (je te prierai ma chère Malouise de bien vouloir le coller à cette page lorsque tu l’auras reçu car je te l’expédierai !).


   Aujourd’hui, le régiment passe la revue du Colonel au grand complet, et reformé.



   Ici se termine les écrits d'Albert Hénault.
Un dernier article sera mis en ligne le 16 avril.
Premier jour de la grande offensive du Chemin des Dames.
... "Grande offensive..."
Jour où Albert sera mortellement blessé.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les auteurs se réservent le droit de supprimer tout commentaire qui ne soit pas en rapport avec le sujet.