Du 19 au 25 mars 1917 :
A l'arrière à Guyencourt.
19 mars – Nous voici à Guyencourt,
quel patelin ! Que de troupes, du 17e territorial, du 17e
TA. du 46 artillerie, du 10e lourd, du 150e d’active, du
162e d’active, sans compter le Génie. Tout cela grouille, va, vient,
s’entrecroise etc. Telle une fourmilière
20 mars
– Temps splendide comme temps d’hiver. La neige tombe à flots.
21 mars – Vilain temps : neige, pluie, vent et toujours à
Guyencourt. Hier soir, j’ai eu une petite attrapade avec le Caïd pour un sac égaré. Quel autocrate !
quelle poussière ! quel tintamarre.
Une véritable quinte de colère. Quel charretier ! Allons bon !
Me voici désigné pour aller conduire demain des fusils mitrailleurs au Moulin de Cuissat. 12 km à faire – départ à 6 heures
demain matin.
4 heures soir. J’arrive de Châlons-le-Vergeur
où se trouve le PC du Général de brigade.
22 mars – Journée plutôt mouvementée. Lever 5 heures ; à 6
heures, rassemblement à Châlons-le-Vergeur. J’ai
à conduire les détachements de F.M. au Moulin-Cuissat
des 3 Régiments de la Division. 151e
162e et 267e. Corvée assez dure. A l’aller, nous
passons à Pouilly. Que de troupes ! Que de
ravitaillements ! Nous rencontrons le 154e le 287e…
etc. etc. …
Arrivé au Moulin-Cuissat à 9
heures 30. Je casse la croûte avec le sous-lieutenant du 154e qui me
remet son détachement pour le retour. Ce dernier s’effectue assez bien sauf
quelques obus qui nous sifflent aux oreilles (très près) au Sud de
Chalons-le-Vergeur.
8 heures du soir, je suis littéralement vanné. Aussi, malgré un
bombardement vers la Sapinière, je m’endors
comme une véritable brute.
23 mars – Brrr. Brrr… voici des bruits de relève qui courent.
Allons, bientôt, au revoir à Guyencourt et
bonjour à la côte 108, Moscou, Gernicourt, Cormicy
etc… Enfin il faut se laisser couler, c’est le meilleur. Ce matin,
il neige encore et tout est blanc dehors. Nous devions aller reconnaître le
secteur mais ce ne sera que pour demain.
7 heures soir. Quelle canonnade du coté de Reims. Les boches
essaient encore un coup de main. Nos gros canons tournent sans
interruption ; à 9 heures, tout est rentré dans le calme. Le communiqué
officiel nous annonce : attaques en avant de Thil.
24 mars – Lever d’assez bonne heure. A 8 heures ½, notre brave
homme de Commandant nous rassemble pour des instructions supplémentaires avant
de monter aux tranchées. A midi : reconnaissance du Secteur avec Messieurs
Phoyeu, Barré et adjudant Perret. Quelle course
furibarde ! Nous sommes entraînés par le Capitaine Bauquesne. Nous passons à
Chalon-le-Vergeur, Cormicy et Moscou à
partir de Cormicy, nous prenons un boyau ; un brave guide, qui est chargé
de nous conduire, se trompe, alors quelle nage ! Nous nous boyautons de 1
heure à 4 heures avec de l’eau jusqu’aux chevilles et de la boue jusqu’aux
genoux. M. Jolicoeur manque de s’enliser, c’est charmant. Nous
arrivons à 4 heures 30 en première ligne ; quel chaos ! Des entonnoirs
immensément profonds ! Les boches nous lancent des torpilles qui éclatent
avec un fracas épouvantable. Nos 38 leur répondent. Véritablement, comme
reconnaissance de secteur, ce n’est pas le filon. Nous revenons le soir à 8
heures à Guyencourt, complètement fourbus.
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