Du 11 au 18 mars 1917 :
A l'arrière à Gernicourt.
12 mars – Bel anniversaire ! A 8 heures du matin le
bombardement de Gernicourt continue, pas moyen
de se ravitailler ni d’aller chercher la soupe. A 10 heures et demie la cuisine
roulante reçoit un obus, le percolateur est percé, le bouillon renversé, puis
de 2 heures à 2 heures 10, rafale à côté de ma cagna, tout tremble. Sales boches ! Sales
obus ! Sale guerre !
13 mars – Pauvre Gernicourt ! Pauvre église ! Ruines et cendres, chevrons brisés, tôles tordues, voici tout ce qui reste de ce patelin !
13 mars – Pauvre Gernicourt ! Pauvre église ! Ruines et cendres, chevrons brisés, tôles tordues, voici tout ce qui reste de ce patelin !
16 mars – Beau soleil – Dès 7 heures du matin, les aéros volent.
Je suis debout et vais aller photographier les ruines de Gernicourt. La ferme, l’église, le cimetière etc.
11 heures du matin. Alerte aux gaz, les boches veulent tenter
une attaque par gaz sur le secteur de la Merville
à 8 Km à l’est de nous. Nous sommes avertis et les masques ne nous quitteront
pas. Le torpillage est déjà commencé sur les premières lignes. Qu’est-ce qu’il
y a comme tremblement. Nos avions survolent les lignes de très près, le bois des Buttes et Berry-au-Bac prennent quelque
chose. Nos canons ne répondent presque pas et pourtant nous en avons.
Attendons, quoi ! C’est tout ce que nous pouvons faire.
3 heures du soir, le torpillage continue toujours ; cela, à
la fin, vous rend absolument nerveux.
4 heures soir – ébranlement fantastique. Torpilles et mines font
un vacarme effrayant. On prévoit une attaque boche sur
le bois des Buttes. Tout est absolument en feu,
de Craonne à Berry-au-Bac – à 6 heures du soir, alerte, tous en arme. On
s’attend à monter au Choléra !
Un tremblement de terre se produit dans Gernicourt,
même les murs s’écroulent, nos bougies pâlottes s’éteignent, un bruit assourdissant
se fait entendre et une colonne gigantesque de fumée, en flocons multicolores,
s’élève dans le ciel. Nous en apprenons, quelques instants après, la cause. Un
obus boche est tombé près du Canal et a fait exploser 96 de nos torpilles,
placées en dépôt, dans un boyau près dudit canal.
8 heures – tout se calme et rentre dans le silence. Ce n’est pas
trop tôt. Nous sommes abasourdis. Maintenant des bruits circulent, les boches
ont, paraît-il, voulu sortir de leurs tranchées vers la
sapinière, mais ils ont échoué. Une taupe boche a été aperçue,
paraît-il, par nos avions du coté de Guergnicourt,
ce qui fut cause de notre canonnade intense de dernière heure.
17 mars – Nuit calme, réveil en sursaut vers 7 heures. Cinq obus
de 150, boches, tombent dans notre cour et font des dégâts matériels assez
importants ; pas d’accident.
2 heures 15 soir – Cinq obus boches viennent encore nous rendre
visite. Vivement demain car c’est la relève et nous allons habiter Guyencourt, 5 kilomètres en arrière, cela reposera un
peu moralement.
J’oubliais de dire qu’hier, en allant communiquer des ordres à ma
section, un 105 boche m’est passé très près du nez. Je me suis couché à temps
et n’ai rien attrapé. C’est un tout petit détail que je relate par véracité.
18 mars – C’est
aujourd’hui jour de relève, nous partons ce soir pour Guyencourt.
Les boches nous ont encore sonnés ce matin. Voici quelques nouvelles de
l’attaque boche du 16. Après un torpillage intense sur le 331ème au bois Franco-boche près de l’arbre camouflé, les
allemands sont sortis vers 18 heures ; ils nous ont fait 20 prisonniers.
Nous avons 3 tués et 5 blessés. Le Sous-Lieutenant Besson, fils de l’amiral, est parmi les
morts. Oh ! vivement 9 heures du soir que nous quittions ces parages peu
sûrs !
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